Avezan

Château d'Avezan

Château d'AvezanLe château d’Avezan domine, au cœur du petit bourg de même nom et du haut de sa colline, la route qui mène, 4 km plus loin, au village de St Clar.

A l’origine, ce château devait être ce qu’on appelle une salle - un donjon aux murs très épais - reposant sur une salle voûtée et, en dépit de ses transformations successives, il a gardé son allure sévère de forteresse. 

D’après Patrice Cournot « Il y a tout lieu de penser pourtant que le donjon fut élevé seul, au cours de l’année 1230 et que, vers la fin du XIIIe siècle, on y accola une salle dont la façade a été complètement remaniée par la suite. »

On peut supposer que le château fut construit sur les ordres des Vicomtes de Lomagne. Grâce à sa position géographique et au fait que les seigneurs de Lomagne se rangèrent pendant la guerre de Cent Ans aux côtés des anglais contre Louis IX, Roi de France, le château d’Avezan fut au cœur des batailles pour la conquête de ces territoires. C’est ce qui explique sans doute, l’importance de cette forteresse. 

Ce parallélépipède, à la position dominante, aux murs épais, à  l’appareil moyen de qualité, aux façades hermétiquement closes, à l’allure fière et agressive est caractéristique des châteaux gascons qui se multiplient aux XIIIe et XIVe siècle.

« Au XIIIe siècle, le bâtiment n’avait aucune ouverture, à l’exception des meurtrières. Le seul accès était une porte élevée dont il suffisait de retirer l’échelle pour en assurer la sécurité. (…) Le donjon, sur l’autre face, s’élevait nettement plus haut que le reste des salles

Outre le dernier réduit de défense, il était en effet le symbole de la puissance du seigneur (…)

A ce donjon, s’adossaient des salles. Les communications entre elles et entre les étages étaient limitées pour en augmenter la sécurité (…) Au XVe siècle, on a voulu aérer le château et y laisser pénétrer la lumière sans trop affaiblir le système de défense qui fut même amélioré. On creusa deux importants fossés maintenant comblés (…) et de cette époque date la ligne de créneaux qui encercle le château.

l est parcouru à l’intérieur d’un chemin de ronde qui permettait aux hommes d’armes de se porter rapidement vers le point menacé. (…) Enfin, un autre système apparaît. Il s’agit de couloirs ou souterrains qui permettaient aux assaillis de se déplacer rapidement sans se faire voir, contre attaquer sur plusieurs points et donner l’impression à l’assaillant d’une garnison nombreuse. » 
Patrice Cournot

Au XVIe siècle, il fait l’objet de premières transformations destinées à lui enlever sa fonction défensive.

A partir du XVIIe siècle, époque où il est acheté par Alexandre de Larroquant, tout le massif occidental est édifié ainsi que des aménagements intérieurs qui se poursuivent au XVIIIe siècle, tels que l’escalier droit, les pièces d’habitation, les peintures et les cheminées et les percements de baies.

Tous ces remaniements témoignent de la volonté de faire de ce château austère, une demeure agréable et confortable. L’escalier, en particulier, a fortement modifié la structure interne du bâtiment et a sensiblement amélioré son confort en rendant les appartements, qui se sont alors accrus, indépendants.

« Le nombre et la violence des procès qui se succédèrent pour l’obtenir au XVIIIe siècle donne l’impression qu’il avait été complètement remanié par les Larroquant qui en avaient fait une demeure très appréciable. » Patrice Cournot.

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, le château passe dans les mains de familles qui le délaissent peu à peu et il est racheté par les métayers après la Révolution. Il est ensuite abandonné à lui-même, bien que son importance se vérifie encore en 1861, par un témoin oculaire qui présente cette ancienne forteresse comme l’une des plus «respectables de la contrée »

Racheté par la famille Cournot, il fait l’objet depuis 1972, d’une importante restauration et il est ouvert à la visite.

Les Seigneurs d'Avezan

• Les Manas, sous la bannière des Vicomtes de Lomagne

Le premier seigneur d’Avezan est probablement Raymond Sans de Manas qui reçut le château de son seigneur Othon, Vicomte de Lomagne et d’Auvillar, qu’il promit de servir en armes.

De fait, pendant près de deux siècles, Avezan fait partie de ces châteaux gascons, alliés de l’Angleterre. Comme le rappelle Patrice Cournot « Ce phénomène, s’il est choquant pour certains, est cependant parfaitement compréhensible. Les Gascons, et en particulier le vicomte de Lomagne et d’Auvillar sur les territoires duquel se trouve le château d’Avezan, se rangèrent systématiquement du coté des Anglais sauf quand le hasard d’un mariage, d’une succession, d’une bataille perdue, d’un coup de force ou d’un traité les plaçait sous l’ administration française (…) De toutes les manières, ils n’avaient pas plus d’affinités ou de souvenirs communs avec les Français qu’avec les Anglais. De la même manière, les deux parlaient des langues qui leur étaient complètement étrangères. Administration française ou administration anglaise, c’était toujours une administration venue de l’extérieur(…) Enfin et c’est sans doute le plus important, les Gascons, et en particulier le Vicomte de Lomagne, qui ne cessèrent de s’efforcer de maintenir l’indépendance de leurs petits états, ne voyaient que des avantages à reconnaître l’autorité d’un roi lointain et séparé par une mer plutôt que celle d’un roi proche installé non loin de leurs territoires. »

L’apogée de la puissance des Manas d’Avezan se situe au début du XVe siècle avec Jean de Manas. 

Les Manas conservent le château jusqu’au XVIe siècle.

• Les Larroquan (ou Larrocan)

Alexandre de Larroquan achète le château d’Avezan en 1651.
C’est surtout Jacques de Larroquan, frère du précédent, qui devient le véritable seigneur d’Avezan. « Militaire de carrière, il était maréchal de camp et armes du roi dont il avait toute la confiance ainsi que celle de Richelieu. C’est peut-être à cette confiance que nous devons la survie du château. Richelieu, en effet, pour détruire le pouvoir seigneurial, fit raser bon nombre de châteaux. » Patrice Cournot.

Les Larrocan se succèdent à Avezan jusqu’à la Révolution.