Herrebouc

Château de Herrebouc

Plan - HerreboucLe château de Herrebouc se trouve sur la commune de Saint-Jean-Poutge.

Il n’est pas établi, comme la plupart des châteaux gascons, en hauteur sur une colline, mais tout à l’inverse, dans la plaine et au bord de l’eau. « Contrairement à la majorité des autres châteaux, on n’escalade pas la butte pour y parvenir, mais au contraire on descend vers la Baïse qui coule à ses pieds. » René Caïrou

Il s’agit surtout d’une maison forte ou tour - même si elle a fait fière allure – datant du XIVe siècle ; il est fait mention de son existence dans un texte daté de 1344 signalant que Pelegrine de Ferrabouc, veuve de Géraud de Mimo, héritière de Guillaume de Commère, fit foy et hommage à Jean, comte d’Armagnac et de Rodez, pour son château de Ferrabouc supérieur, sis en Fezensac. 

Cette maison forte est située à une trentaine de mètres d’un moulin à eau et, comme le dit Philippe Lauzun, « Longtemps on a pris le château de Herrebouc pour le moulin lui-même ; et il n’est pas rare d’entendre dire, parlant de lui, le moulin de Herrebouc. Sa ressemblance avec les moulins fortifiés de la Gironde, des XIIIe et XIVe siècles (…) pourrait, à la rigueur, donner un instant le change sur sa destination ».

Ce corps de logis, de 16 mètres de hauteur, comprend un rez-de-chaussée et trois étages de même hauteur.  À la base, il mesure 13,30 mètres X 12,20 mètres avec des murs d’une épaisseur de 1,60 m. La construction confirme bien sa datation fin XIIIe ou début XIVe : 
« Ses murs, admirablement parementés en appareil moyen si fort en usage de 1250 à 1350, leur épaisseur régulière, 1m.60, qui est celle de tous les châteaux de cette époque, la forme de ses échauguettes et surtout celle de leurs mâchicoulis ne peuvent laisser aucun doute à cet égard. » P. Lauzun

Au XVIe siècle, de nombreuses ouvertures furent percées sur toutes les façades, pour en faire des pièces d’habitation plus confortable. Il est d’ailleurs vraisemblable que, comme d’autres tours de cette époque, le rez-de-chaussée était totalement aveugle, l’entrée de la tour se faisant au moyen d’une échelle par le premier étage.

Pour René Cairou, la décoration intérieure et les sculptures n’ont pas l’élégance des tours du Tauzia ou de Larressingle, même s’il y reconnaît une belle sobriété. Philippe Lauzun décrit de belles cheminées, à chaque étage, et en particulier une d’elles, dont le manteau laisse encore percevoir une fresque représentant une mystérieuse et élégante jeune femme à l’écharpe rouge datant probablement de l’époque des Valois comme son corsage à col très large et relevé pourrait le laisser supposer.

D’autres restes de peintures murales sont également visibles avec des décors de fleurs ; des rinceaux, des enroulements et des fruits.

Le rôle de la maison forte d’Herrebouc était vraisemblablement défensif, mais bien différent de celui des châteaux aux situations dominantes. Pour Philippe Lauzun, « son rôle n’a été autre que celui de défendre le vrai moulin d’à côté, tout en servant d’habitation fortifiée à la vieille et puissante famille à laquelle il a donné son nom. 

Elle n’en possède pas moins une valeur défensive intéressante, en effet l’épaisseur de ses murs tout comme sa hauteur la protège déjà efficacement contre tout type de bélier ou armes de l’époque. Ces échauguettes qui lui confèrent tout son charme aujourd’hui sont d’authentiques chambres de tir disposant d’un mâchicoulis à huit ouvertures ».

C’est entre la fin du XVIe siècle et le premier quart du XVIIe siècle que le château est remanié avec la transformation du rez-de-chaussée qui devient une pièce d’habitation. A la même époque, les façades sont percées de croisées à meneaux, les étages sont décorés et le grand escalier intérieur est installé, transformant cette maison forte en noble résidence.

« L’allure de l’ensemble, tel qu’il se présente actuellement, ne manque pas d’élégance et l’on comprend que le terme noble de château lui ait été attribué » René Caïrou

Aujourd’hui le Domaine de Herrebouc est une propriété viticole.

Les Seigneurs de Herrebouc

Quatre grandes familles Gasconnes s’y succèdent, depuis le Haut Moyen Age jusqu’à la Révolution. 

• Les Ferrabouc tout d’abord (ou Ferraboc, Ferrebouc, Herrebouc suivant les chartres du Moyen Age), importante famille du Fezensac, qui l’occupent jusqu’au XVe siècle.
Le nom de Ferrabouc apparaît dès le commencement du XIIIe siècle, avant même la construction du château.
« Les Ferrabouc suivirent de tout temps la fortune de leurs suzerains, les comtes d’Armagnac, et pendant tout le XIVe siècle on les trouve sans cesse à leurs côtés (…) Nous n’en finirions pas si nous voulions énumérer tous les faits et gestes de la famille de Ferrabouc, de plus en plus puissante, et dont le nom se retrouve, pendant cette fin du XIVe siècle et tout le XVe siècle, à chaque page de l’histoire de la Gascogne. » Philippe Lauzun

• Les Castelbajac leur succèdent au XVe et XVIe siècles, très ancienne famille dont la baronnie est située en Bigorre et qui se subdivise en de nombreuses branches. « Outre la branche principale, qui va de l’an 1000 au milieu du XVIe siècle, il faut citer les branches de Rouède, de Bernet, de Lisos, de Saint-Paul, de Calrac, de Lubert, de Casteljaloux et enfin celle de Cabanne et de Barbazan. » Philippe Lauzun. Cette famille existe encore aujourd’hui, représenté par les descendants du Marquis de Castelbajac, ancien écuyer de l’empereur Napoléon III,  actuels propriétaires du Château de Caumont.

• Les Verduzan s’y établissent ensuite, jusqu’à 1870. « On trouve les Verduzan depuis le commencement du XIIIe siècle. Ils protègent l’Abbaye de Condom, assistent aux principales montres d’armes de l’Armagnac et du Fezensac et prennent part, en s’y faisant remarquer, à toutes les guerres contre l’Angleterre. » Philippe Lauzun. Cette vaillante famille gasconne compte notamment Hughes de Verduzan, Capitaine Gascon qui se battit aux côtés de La Hire et de Ponton de Xaintrailles à l’époque de Jeanne d’Arc.

Les Cours. C’est encore dans les mains d’une très ancienne famille que revient Herrebouc, acquis en 1780 par Antoine-Hector de Cours. La terre et les biens, au moment de la Révolution, ne sont pas vendus en biens nationaux et Antoine-Hector ne fut pas contraint à émigrer en terre étrangère. « Subdivisée en plusieurs branches (…) c’est de la branche dite des barons du Vignau et de Lussagnet que sortait le nouveau propriétaire du château de Herrebouc » Philippe Lauzun