Les aventures des romans de Cape et Épée sont faites pour être mises en images.
Il n'est pas nécessaire de beaucoup les "retoucher" pour pouvoir les adapter à l'écran. Tout y est déjà cinématographique : le héros, l'intrigue, le mouvement et surtout les duels. Les réalisateurs ont rivalisé de talents et d'imagination pour en faire des moments de cinéma inoubliables. crédibles ou drôles, haletants et toujours différents afin que le spectateur les attende et en redécouvre la magie à chaque film. Parce que le combat à l'épée apporte toujours sa part d'émoi, de justice et de respect.
Le duel d'escrimeur
C'est le duel idéal d'un point de vue technique, avec deux acteurs capables de manier leurs épées parce qu'escrimeurs eux-mêmes. Il suffit d'en filmer la chorégraphie pour qu'il reste convaincant. dans Le signe de Zorro, l'affrontement entre Tyrone Power et Basil Rathbone en est l'exemple parfait. Les positions, les déplacements, les gestes de chacun d'eux sont filmés dans un espace réduit, fer contre fer. L'intimité crée l'intensité.
Le duel spectacle
Contrairement au précédent, ce type de duel se déroule dans un grand espace avec des spectateurs dont les réactions rythment le combat. Dans Le Cid, il s'agit d'un duel judiciaire comme on le comprenait au Moyen Âge, qui commence en tournoi et finit en corps à corps. Charlton Heston en est le héros et même sir le spectateur suppose sa victoire, le combat est construit pour l'en faire douter. C'est une duel violent, à rebondissement et chargé d'émotion.
Le duel et l'humour
Souvent le cinéma a fait appel à l'humour pour donner aux duels un rôle plus léger et moins officiel. C'esd également un ressort pratique quand les acteurs ne sont pas de très bons escrimeurs ou quand l'histoire est déjà trop connue du spectateur. Ainsi, dans cette adaptation des Trois Mousquetaires, le réalisateur a utilisé les talents de danseur de Gene Kelly pour re-interpréter un combat déjà vu et surprendre le spectateur en le rendant comique.
Les femmes et le duel
L'apparition des femmes dans le duel implique une autre approche cinématographique, car, par définition, on ne les attend pas dans le rôle. Jouant sur cet a priori, le cinéma fait souvent se battre les femmes en jupe, mettant soit l'accent sur leur plus grande humanité - La fille de d'Artagnan avec Sophie Marceau, soit sur leur séduction - Le masque de Zorro avec Catherien Zeta-Jones. Sans oublier la pointe d'érotisme qui trouble l'adversaire autant que le spectateur...
La Botte secrète
Il n'existe pas de duel sans botte secrète, révélée ou cachée. Il y a la botte transmise de père en fils, comme dans Cyrano et d'Artagnan, qui permet au héros de vaincre un adversaire redoutable et il y a la botte célèbre "Celle de Nevers" inventée par Paul Féval dans Le Bossu, qui est, à elle toute seule, un des acteurs de l'histoire.
Duels de lieux
Dans ce type de duel, un troisième partenaire s'invite au duel: le lieu. Il y joue un rôle essentiel car il apporte sa part de suspense et peut changer, à tout moment, le cours de la rencontre. Le lieu est particulièrement soigné lorsqu'il s'agit du duel final. Dans Scaramouche, on a dit que l'opéra qui accueille les duellistes faisait de leur affrontement un théâtre dans le théâtre. Pour le duel final du Capitan, le château médiéval est l'écrin rêvé. Escaliers, créneaux, et la tour fatale d'où tombe le méchant, vaincu.
Duel muet, duel bavard
Support idéal du film muet, le duel n'a pas besoin de mots pour être compris. Visuellement, il dit tout, de l'enjeu, du héros et de l'autre. Douglas Fairbanks, très bon gymnaste, s'en était fait une spécialité. Il est resté un d'Artagnan célèbre et ses duels dans les Trois Mousquetaires sont aujourd'hui autant désuets qu'incontournables.
Mais le duel peut aussi être le support au langage. Utilisé comme ponctuation, il en devient littéraire et magistral, comme dans Cyrano de Bergerac.
Duel éternel
Comme les diamants, les duels sont éternels, parce qu'ils permettent toujours de valoriser le héros face au méchant, même James Bond, dans Meurs un autre jour. Ce duel est inattendu et décalé par rapport à l'ambiance générale du film, mais il rappelle que James Bond reste un chevalier des temps modernes, au service de sa Majesté la Reine et, qu'en tant de tel, il est normal qu'il sache se battre à l'épée... et même au sabre.